Accord RDC-Rwanda : Denis Mukwege alerte sur une trahison de la souveraineté nationale

Des réactions se multiplient après la signature de l’accord de la paix entre la RDC et le Rwanda sous la médiation américaine ce vendredi 27 juin à Washington.

Le docteur Denis Mukwege s’oppose vigoureusement à cet accord estimant que cela entérine l’impunité, le pillage des ressources et la soumission de la souveraineté congolaise.

Le Prix Nobel de la Paix 2018 dénonce « un blanc-seing de Kinshasa qui profiterait à l’État rwandais agresseur-pilleur, permettant à Kigali de tirer profit de la valeur ajoutée des minerais congolais dans une logique extractiviste néocoloniale ».

Dans un communiqué publié la nuit de ce vendredi 27 à samedi 28 juin, Dénis Mukwege évoque la « légitimation de l’occupation d’un pays agresseur tout en sacrifiant la justice sur l’autel d’une paix fragile».

Pour lui, l’accord plante les graines de nouvelles violences. Il met également en garde contre le bradage des ressources congolaises.

« L’État rwandais agresseur-pilleur bénéficiera donc, avec le blanc-seing de Kinshasa, des bénéfices de la valeur ajoutée des minerais congolais », écrit-il, tout en dénonçant une logique extractiviste néocoloniale.

Se focalisant sur l’article 214 de la Constitution, le Prix Nobel de la paix rappelle que tout traité international doit, préalablement être validé par le Parlement.

Il menace par ailleurs à un appel à une révolution démocratique si les autorités congolaises ne respectent ni la Constitution ni le droit international.

« En vertu de notre loi fondamentale, le règlement de conflits internationaux ne peut être ratifié qu’en vertu d’une loi, soumise aux élus de l’Assemblée nationale », peut-on lire dans son communiqué.

Tout en rappelant que cette guerre n’est pas récente et ne peut être réduite à une manœuvre diplomatique, Denis Mukwege a souligné que le peuple congolais est pris en otage, privé de justice et de ses droits fondamentaux, et que toute solution réelle passe par la fin de l’impunité et une réponse internationale ferme face aux crimes commis.