Scandale au Fonds Forestier National : un DG éclaboussé par des détournements réhabilité par la Ministre

Le climat s’alourdit au Fonds Forestier National (FFN). Alors que la justice, par une ordonnance du Conseil d’Etat,vient à peine de confirmer la suspension de l’ancien Directeur Général, Honoré MULUMBA KALALA, la ministre de l’Environnement, du Développement Durable et de la Nouvelle Économie du Climat s’apprête, contre toute attente, à le réhabiliter.


Une décision qui choque profondément les agents du FFN et la société civile environnementale, qui y voient une manœuvre dangereuse, de nature à créer des malentendus et à fragiliser la gouvernance d’une institution déjà meurtrie par des années de gestion calamiteuse.
En effet, le Conseil d’État, dans une ordonnance rendue le 30 juillet 2025, avait mis fin au recours de M. MULUMBA contre sa suspension, en annulant les mesures de sa réintégration précédemment accordées.


Cette décision, fondée sur des éléments accablants, confirmait les lourdes fautes de gestion relevées par le Conseil d’administration, la Cour des comptes et le Collège des commissaires aux comptes.
Les rapports d’audit sont formels : plus de 22 millions de dollars américains auraient été détournés sous la gestion de M. MULUMBA.
Les inspecteurs dénoncent notamment :

  • L’ouverture illégale d’une antenne à Mbuji-Mayi sans autorisation du Conseil d’administration ;
  • L’exécution de budgets non approuvés ;
  • L’absence de suivi et de contrôle des projets financés ;
  • La dissimulation de superficies déboisées et des recettes correspondantes ;
  • Le financement d’ONGD non éligibles et la passation des marchés publics sans appel d’offres.
    Ces faits graves, confirmés par la Cour des comptes, avaient justifié la suspension de M. MULUMBA et la transmission du dossier aux instances judiciaires compétentes.
    Face à cette situation, la société civile environnementale a saisi la ministre de tutelle pour réclamer l’ouverture de poursuites judiciaires contre l’ex-DG.
    Elle fustige une gestion jugée catastrophique, où à peine 28,84 % des recettes issues de la taxe de déboisement auraient été réellement investies dans le reboisement, mission principale du FFN.
    Le reste, selon le rapport, aurait servi à financer des projets fictifs ou à enrichir un réseau d’intérêts privés.
    Dans ce contexte, la volonté de la ministre de réhabiliter Honoré MULUMBA est perçue comme une provocation.
    Pour de nombreux cadres du FFN, cette démarche remet en cause le travail de la justice et risque d’entretenir l’impunité dans la gestion publique.
    Selon des sources internes, une colossale somme de plus de 500.000 dollars américains aurait circulé pour faciliter cette réhabilitation controversée, ce qui jette un voile encore plus sombre sur la crédibilité du processus.
    Cette décision, si elle se confirme, pourrait replonger le Fonds Forestier National dans une crise interne profonde, au moment où l’institution cherche à redorer son image et à rétablir la confiance de ses partenaires.
    La réhabilitation de M. MULUMBA apparaît comme une erreur politique et morale.
    Elle met à rude épreuve la crédibilité de la ministre et pose une question fondamentale :
    L’État congolais veut-il vraiment combattre la corruption dans le secteur forestier, ou continuer à protéger ceux qui le pillent ?

RM