Le 21 mai 2025 marquait le seizième anniversaire de la création du Fonds Forestier National (FFN), un établissement public à caractère technique et financier dont la mission principale est la reconstitution du capital forestier de la République Démocratique du Congo. Seize ans après sa naissance, le FFN dresse un bilan de ses actions et esquisse les perspectives pour un avenir durable.
Le FFN a vu le jour en 2009, succédant au Fonds de Reconstitution du Capital Forestier créé en 1985.
Sa création s’inscrit dans le cadre de l’article 81 du Code Forestier et des recommandations de la Déclaration de Yaoundé de 1999, qui appelait au développement de mécanismes de financement internes et externes à travers les Fonds Forestiers Nationaux des pays membres de la COMIFAC. Doté d’une personnalité juridique et d’une autonomie de gestion, le FFN est régi par le Décret n°09/24 du 21 mai 2009.
Sa mission, telle que définie par l’article 3 de ce décret, est d’assurer le financement des opérations de reboisement, d’aménagement forestier et de toute opération contribuant à la reconstitution du capital forestier, ainsi que le contrôle et le suivi de ces opérations. Le FFN est ainsi un acteur clé de la gestion durable de l’écosystème forestier de la RDC, un levier pour la sauvegarde et la restauration du patrimoine forestier, et un contributeur essentiel au sixième pilier du programme d’action gouvernemental axé sur la gestion durable des forêts et la lutte contre le changement climatique.
Les ressources du FFN proviennent de diverses sources, dont les taxes d’abattage (50% pour le FFN), de déboisement (50% pour le FFN) et de reboisement (100% pour le FFN).
S’y ajoutent 50% des recettes issues de la vente des bois des plantations publiques, 10% des recettes des services environnementaux (dont le crédit carbone), les subventions budgétaires, les apports extérieurs, les dons et legs. Cependant, il est important de noter qu’à ce jour, seules les taxes d’abattage, de déboisement et de reboisement sont pleinement activées.
Au cours des cinq dernières années, l’action du FFN a eu des retombées significatives.
Sur le plan économique, le FFN agit comme un moteur de développement, un instrument de valorisation du capital naturel et un levier pour les financements extérieurs.
Ses investissements dans la gestion durable des forêts et le financement des projets de reboisement stimulent l’économie nationale et contribuent à la création d’emplois indirects.
Depuis 2020, sa contribution au trésor public via la DGRAD et aux budgets provinciaux a connu une augmentation notable, sans oublier sa contribution au budget de l’État en termes d’excédents budgétaires.
Sur le plan sociétal, le FFN a un impact direct sur l’emploi et le bien-être des populations. Entre 2010 et aujourd’hui, le Fonds a généré 212 emplois directs et 544 emplois indirects.
Au-delà des chiffres, ses actions contribuent à l’amélioration des conditions de vie des populations ciblées par les projets, à la préservation des savoirs traditionnels et des cultures locales, à la stabilité sociale, à la réduction de la pauvreté et à l’innovation technologique et écologique.
Sur le plan environnemental, le FFN est un pilier de la conservation de la biodiversité, un acteur clé dans la lutte contre le changement climatique et le garant de la gestion durable des ressources forestières.
Les projets qu’il finance couvrent 25 des 26 provinces de la RDC, contribuant ainsi au maintien de la biodiversité, à la reconstitution du capital forestier national (jouant un rôle crucial dans l’atténuation des effets du changement climatique) et au renforcement du statut de la RDC en tant que « pays solution » face aux défis climatiques.
L’avenir du FFN s’annonce sous le signe de la consolidation de sa position en tant que structure indispensable au financement des projets de gestion durable des ressources forestières. L’ambition est de le transformer en une véritable banque de développement forestier.
Les prochaines années verront le FFN s’efforcer de :
- Demeurer un mécanisme de financement pérenne et autonome dans le secteur forestier de la RDC.
- Contribuer significativement à l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD) liés aux forêts et au climat.
- Participer au financement de l’élaboration de la politique forestière et de la stratégie nationale de reconstitution du capital forestier.
- S’adapter aux évolutions des contextes national et international, ainsi qu’aux standards internationaux en matière de financement et de pilotage des projets de développement.
- Devenir une référence des Fonds Forestiers Nationaux au sein de l’espace COMIFAC.
En somme, le parcours du Fonds Forestier National témoigne d’une volonté régionale et d’efforts nationaux concertés pour la préservation et la reconstitution du patrimoine forestier de la RDC. Pour concrétiser pleinement ses ambitions, le FFN appelle à la collaboration de tous les acteurs, tant nationaux qu’internationaux.
Rémy Mbuyi